Rédaction Marie Josée Bourgeois
10 mai 2024
Les Papineau et les Bourassa:
Fils de soldats, cultivateurs et hommes politiques
L’histoire de la seigneurie de la Petite-Nation, fondée en 1674, est intimement liée aux familles Papineau et Bourassa à plus d’un égard. Non seulement ils en seront les propriétaires au XIXe siècle, mais les deux familles étaient déjà en Nouvelle-France à la fin du XVIIe.
Lors du deuxième mandat de Louis Buade, comte de Frontenac, comme gouverneur de la Nouvelle-France, les soldats Samuel Papineau et François Bourassa sont déjà sur place pour défendre la colonie contre les Anglais et les Iroquois. Nous sommes en 1689. Dans la jeune vingtaine, les deux soldats sont à l’aube de leurs vies alors que Frontenac est en fin de carrière.
Illustration 12 – Samuel Papineau
Illustration d’origine inconnue
Le premier Papineau arrive en Nouvelle-France en 1688 en provenance du village de Montigny, dans le Poitou. Samuel fait partie d’un régiment des Compagnies franches de la marine, venu pour combattre les Iroquois. À la suite de sa démobilisation, après 10 années comme soldat, il se fait concéder en 1699 une terre sur l’île de Montréal dans la seigneurie des Sulpiciens. Jusqu’à son décès en 1737, il y mène une vie modeste avec Catherine Quevillon, une ancienne captive des Iroquois épousée en 1704 à Rivière-des-Prairies.
Neuf enfants naissent de cette union, trois filles et six garçons, tous mariés avec progéniture. La lignée qui s’établira dans la Petite-Nation sera liée à l’un des fils du couple, Joseph Papineau dit Montigny né en 1719. C’est son fils Joseph Papineau, né en 1752, qui achètera notre seigneurie et la développera avec ses propres fils Louis-Joseph (1786-1871) et Denis-Benjamin (1789-1854). De père en fils, leurs conditions d’existence s’amélioreront. Joseph, notaire, arpenteur et homme politique, et ses fils seront les premiers véritables seigneurs de notre seigneurie. Louis-Joseph sera très connu comme orateur, chef des Patriotes en 1837 et 1838 et fondateur de Montebello alors que Denis-Benjamin sera administrateur de la seigneurie, co-premier ministre en 1846-1848 du Canada uni et fondateur de Papineauville. À notre connaissance, seuls des descendants de Denis-Benjamin habitent toujours la région.
Illustration 13 – Louis-Joseph Papineau
Photographie attribuée à T.C. Doane, Bibliothèque et Archives Canada, e011154378_s2
Quant aux Bourassa, c’est du soldat François (1659-1708) que descend la lignée que nous connaîtrons dans la Petite-Nation. François aura un parcours semblable à celui de Samuel Papineau. Également originaire du Poitou, il quittera les rangs de l’armée pour devenir cultivateur dans la région de Laprairie. Il épouse Marie Leber en 1684 à Chambly, et sa descendance prendra racine à L’Acadie. Quelques générations plus tard, Napoléon Bourassa, architecte, écrivain et peintre, unira sa destinée en 1857 avec la fille cadette de Louis-Joseph, Azélie Papineau.
Illustration 14 – Napoléon Bourassa et sa femme Azélie Papineau
Bibliothèque et Archives Canada, MIKAN 3356092
Le frère de Napoléon, Médard, était déjà prêtre missionnaire dans la Petite-Nation depuis 1848 avant de devenir curé du village de Montebello de 1858 à 1887. Henri Bourassa, petit-fils de Louis-Joseph Papineau, s’est également démarqué comme journaliste, maire de Montebello et de Papineauville, député fédéral de Labelle et fondateur du quotidien Le Devoir en 1910.
Illustration 15 – Henri Bourassa
Bibliothèque et Archives Canada /C-27360/coll. Henri Bourassa
Selon nos informations, il n’y a plus de descendants directs de Napoléon ou d’Henri Bourassa dans la Petite-Nation, bien que la famille Hébert en constitue le prolongement. En effet, une cousine d’Henri, Azilda Bourassa, est venue en train à Montebello avec son époux Arsène Hébert et ses enfants en 1890 pour travailler à la ferme modèle d’Henri, et la famille a pris racine dans la région.
Les Papineau, tout comme les Bourassa, ont laissé d’abondantes traces dans la Petite-Nation. Au XIXe siècle, ils ont marqué la vie communautaire et municipale et ont contribué par leurs actions à l’essor économique de la région. Ils nous ont légué un important patrimoine bâti, un manoir, une maison, un mausolée, une église, une chapelle, une mairie, de même que des éléments du patrimoine naturel, un lac, un ruisseau. Ils sont inhumés dans les cimetières catholiques de Papineauville et de Montebello ou dans la chapelle funéraire jouxtant le manoir Papineau à Montebello. Ils représentent une source de fierté que nous célébrons en cette année du 350e anniversaire de la seigneurie.
Références
- Jacques Lamarche, Les enfants Papineau, collection biographique Célébrités, éditions LIDEC, Montréal, 1998.
- Les membres de la famille Papineau : mémoire nationale et officielle, mémoire savante et familiale, sur le site Commission de la mémoire franco-québécoise, consulté en ligne le 6 mai 2024.