Hommage aux bâtisseurs

Petite-Nation

Grande

Grande

 

Chaque jour, il se lève

Le bâtisseur

Chaque jour, il donne à sa terre, à sa famille

Il maintient des fermes à bout de bras

Crée des coops, des bars, des cafés

 

Il ne parle pas toujours fort

Le bâtisseur

Bien souvent il marmonne, baragouine

Il est bienveillant

Il construit avec ses mains
Et invente avec son coeur

 

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À la première onde

Au premier coup de rame

 

Vers le rocher de l’île du Canard blanc

Qui arbore le sang

Du premier peuple

 

Qui s’aspergeait de la même glaise

Que j’incorpore dans mon mélange

À chaux

Pour m’abriter du froid

Et des mauvaises nouvelles

 

Je bois de la même eau

Marche les mêmes bois

 

Et je m’accroupis aujourd’hui

Au pied des mêmes flots

 

Je veux honorer cet accueil

 

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Il n’est pas qu’il

Le bâtisseur

Il est aussi elle

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Alors que je viens ici célébrer

La présence d’un peuple

Qui s’est emparé de tes caches

 

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La bâtisseuse

Ingénieuse. Intelligente.

 

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Ce peuple que j’essaie de faire mien

Que je sais paysanne

Que je sais travaillante

 

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Elle fait rouler des écoles, des municipalités

Construit des chemins pour mieux se rencontrer

Elle cultive les champs, nourrit la terre qui la nourrit en retour

 

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Que je sais

De la Terre

 

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Elle est médecin, maître de postes

Entrepreneure, créatrice de demain

Avec des ressources inestimables en main

 

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Et je

Cherche à nous réconcilier

À bafouiller une langue commune

 

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Elle travaille.

Il travaille.

 

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Celle du silence

Celle du faire

Celle de l’arbre

 

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Iel travaillent fort

Et c’est la sueur de leur front

Qui vient nourrir toutes les rivières de notre belle région

 

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Que diriez-vous que nous fassions

Un pacte de sang et de salive et de sueur

 

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Les bâtisseurs prennent soin de leurs routes

Prennent soin des montagnes, des prairies, des arbres, des lacs, des rivières

Prennent soin des animaux avec qui iels partagent la terre

 

Les bâtisseurs érigent des parcs régionaux, des réserves écologiques, des SEPAQ pour protéger

Entretiennent les lieux de la vie

Mais aussi ceux de la mémoire

Musées, manoirs, sociétés d’histoire

 

Invitent

Chez lui, chez elle, chez iel

Sur ses pourvoiries, dans ses centres touristiques

Dans ses motels, ses hôtels,

Ses campings, ses chalets

 

Invitent à venir goûter la gastronomie

De ses maîtres chocolatiers, de ses chefs, de ses pâtissiers

Invitent les gourmands

À une bonne bouffe dans ses casses-croûtes et ses restaurants

 

Invitent à venir voir son coin de pays

À visiter ses chutes, ses belvédères

À contempler ses chapelles, ses églises

Ses montagnes mystiques aussi

 

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Ces paysages

Qui nous guettent

Ces oiseaux rendus rares

Et ces pirogues coulées au fond des eaux

 

Qu’elles ne soient pas reliques du passé

Mais que l’horizon aille se loger

Dans ces petites choses

Qui font de nous un

Collectif humble

Égalitaire et avenant

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Nous, bâtisseurs

Avons de quoi être fiers

De nos centres culturels,

Salles de spectacle,

Marchés,

Centres de vie

Entourés par les forêts de cèdres, d’épinettes, de sapins

 

Des artisans en poterie, en bois, en fibre

Des poètes, des écrivains, des musiciens

Des cinéastes, des bédéistes,

Peintres et aquarellistes

 

Des producteurs

De lait, de viande, de légumes, de fruits, de fromage

De vin, de bière, de sirop d’érable aussi

 

Des organismes mis en place

Alliance alimentaire, centre de pédiatrie, CLSC

Sans compter

Ses écoles, ses garderies

Ses associations

Ses comités organisateurs

Ses professeurs

Ses bénévoles et leur dur labeur

 

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Ce que je nous souhaite

C’est d’extraire de notre histoire

Tout ce qui en vaut la peine

Ne rien gaspiller

De nos souvenirs

 

Telle une bête enragée

Que nous aurions traquée

Pour alimenter un futur heureux

Et paisible

 

Où nous nous amouracherons

Des abeilles sur les pissenlits

Où nous nous soumettrons

Au règne du pin blanc géant

 

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Grande

Belle

Chaleureuse

Petite-Nation

Des âcres de territoire

Où se mélangent création humaine et vie animale

Où les cerfs, castors, orignaux, hérons, outardes, bernaches et tant d’autres ont décidé d’élire domicile

Là où les poissons : le doré, la truite grise, l’achigan, le brochet, le maskinongé arpentent les flots

Oh oui, parce que nous connaissons la valeur de notre eau

***

 

Je lève mon verre et mon menton

À ces érablières à perte de vue

À ces chênes royaux

À ces bouleaux étincelants

 

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Je cris ma bienveillance envers ces espaces privilégiés

Reconnaissant la riche diversité de notre terre

 

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Je nous nomme

Collectivité colorée

Fière du sang qui se mêle

Dans nos rivières

 

Et je m’incline sur toi

Ô grande mère de la Nation

 

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Petite-Nation

Grande

Grande

 

C’est un honneur aujourd’hui que de te célébrer

Toi qui a toujours su faire la fête

Danser et chanter

 

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Je te remercie en notre nom

De nous accoucher encore une fois

Sur 350 ans

Sur 10 mille ans

Sur des milliards d’années

 

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À travers tes festivals, tes fêtes de la semence

Tes rodéos, tes raquettes aux flambeaux

 

***

 

C’est toi que je révère

Mère de toutes les mères

 

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C’est un honneur d’être avec toi

Dans tout ce que tu as construit

À la sueur de ton front

Sur le bord du pont, sur le bord de la maison

Sur le bord de la Petite-Nation

 

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Toi qui fait danser mes organes

Toi qui me dit

Relève-toi et incante

 

Va sur mes eaux

Comme si tu naviguais ton intérieur

 

Toi qui me renseignes sur

Tout ce qui me constitue

 

Je veux que tu m’oxygènes

Que tes grands vents balaient

Tous les malentendus

 

Que tu nous berces

Dans ton bas-ventre

 

À la manière d’un écosystème éternel

D’une fête comme nulle autre

D’une utopie

D’un bastion

D’une Petite-Nation

 

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Je nous souhaite l’intelligence d’aller vers demain

Dans un respect mutuel, dans un souci de l’environnement

D’un développement durable

Je nous souhaite le courage de discuter, d’échanger des idées

D’aller vers l’autre

En acceptant la pluralité de nos opinions

En avançant ensemble

Dans le but de préserver le magnifique bout de terre qui nous a été prêté

 

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Et encore une chose

Permets-nous de rêver

Jusqu’aux confins d’un avenir improbable

Loin des tueries minables

 

Que de ton fiel comme de ton miel

Je te sois éternellement redevable

 

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